La SECURITE SOCIALE en danger

Depuis sa création l'institution Sécurité Sociale a été attaquée par tous les gouvernements successifs. Ces attaques ont pris une virulence encore plus grande depuis la procla­mation du Traité de Maastricht. Ce sont les Ordonnances de 1945 qui ont défini la Sécurité Sociale et les Allocations Familiales. Ces ordonnances reconnaissent le droit des salariés à gérer leurs propres cotisations, elles ont bouleversé la vie quotidienne de millions de travailleurs, avec la couverture du risque maladie, du risque vieillesse, du risque invalidité, des accidents du travail et des allocations familiales, tous risques gérés de manière uniforme sur l'ensemble du territoire et pour l'ensemble des professions. Cet acquis ouvrier a permis la construction et la modernisation de nombreux hôpi­taux, de dispensaires, de maisons de retraite, le suivi médical de la femme enceinte et du nourrisson permettant de quasiment éradiquer la mortalité infantile en France.

La Sécurité Sociale en ce sens, n'est pas seulement un acquis de la classe ouvrière, c'est aussi un acquis de la civilisation. Cet acquis est inscrit dans la mémoi­re, dans la vie de l'ensemble de nos concitoyens. Si les patrons des années 1920-1930 ne se camou­flaient pas (MICHELIN à l'époque dénonçait « les lois folles » qui l'obli­geaient à payer les cotisations obli­gatoires), maintenant le patronat, les gouvernements, la Commission Européenne dissimulent leurs objectifs de diminuer le coût du travail direct ou indirect, de détruire la sécurité sociale au profit des assurances, de détruire les retraites au profit des fonds de pensions derrière des arguments pseudo-scientifiques. Les camps étaient bien délimités, pas d'union nationale sur cette question alors que maintenant majorité et opposition collaborent dans les Commissions parlementaires pour détricoter les ordonnance de 1945.

Nous ne relèverons que deux questions :

1. Le « trou de la sécu » est tellement important qu'il oblige à des économies ?

2. La démographie rend nécessaire la diminution des retraites ?

1           Le « trou de la sécu » : mythe ou réalité

II s'agit d'un mythe repris inlassablement par les gouvernements, les médias quasi quotidiennement ; il  vise à essayer de faire passer la diminution drastique des prestations et des remboursements aux assurés et de préparer la destruction de la Sécurité Sociale.

Douste-Blazy, ministre du gouvernement RAFFARIN, pour faire un scoop, pour rendre ce déficit plus « parlant » avait indiqué que « le déficit de l'assurance maladie se creusait de 23 000 € par minute » mais ce qu'a oublié de dire ce personnage, c'est qu'au même moment, à chaque minute les entreprises bénéficiaient de 36 000 € d'exonérations de cotisations patronales.

 

Mais revenons sur le fonctionnement de la sécurité sociale pour mieux comprendre la supercherie :

 

Toutes les cotisations sociales (salariales et patronales) prélevées sur les salaires sont versées directement à l’URSSAF (union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et allocation familiales) qui est un organisme paritaire (géré à 50% par les organisations syndicales et à 50% par les organisations patronales). Cet organisme reverse intégralement les sommes perçues  aux différentes branches de la sécurité sociale sans l’intervention d’aucun intermédiaire. Rien de plus simple !!!!

Mais depuis un certain nombre d’année, l’Etat met en place des taxes et impôts sociaux directes qu’il perçoit lui-même et qu’il est censé reversé à la sécurité sociale :

 

C'est-à-dire : 20,1 milliards d'euros. Ces chiffres sont issus du rapport des comptes de la Sécu pour 2003. Dans le même temps, à grand renfort d’annonces médiatiques, on nous annonçait le déficit vertigineux de la sécurité sociale égal à 11 milliards d'euros !!! Je vous ferai pas l’affront de détailler le calcul, mais en 2003 la sécurité sociale aurait du clôturer ses comptes avec un excédant de 9 milliards d'euros. Vous avez dit trou de la Sécu?

 

Le plus inquiétant, c’est que l’Etat continue dans cette logique avec la mise en place de la décentralisation, en arguant qu’une gestion efficace passe par une gestion de proximité. Donc l’Etat continuera à percevoir les impôts et sera censé les reversés aux conseils régionaux, départementaux et communes. On peut s’attendre au pire !!!!!   

2           La démographie rend nécessaire la diminution des retraites ?        

« Attention en 2040, nous ne pourrons plus payer les retraites, il faut dès maintenant financer des réserves »

C'est à partir de cette affirmation péremptoire que sont présentés le livre blanc de Rocard, les décrets Balladur, le plan Fillion. Diminuer les retraites, allonger la durée du travail pour obtenir une retraite à taux « plein », c'est la seule façon de sauver le régime par répartition.

 

Le hic, c'est que le régime par répartition est tout simplement le fait que les cotisations des actifs actuels et leurs employeurs servent à payer les retraites en cours. C'est un système de reversement immédiat des sommes collectées ?

 

De plus, augmenter de cinq ans le durée de travail des salariés aujourd’hui, quel impact sur 2040 ?

Il faudrait mettre en place cette mesure en 2040 pour que les salariés ne rentrent dans le régime des retraites qu’en 2045, mais les retraités qui partirons en 2012 versus 2007 ne vont pas sauver le système en 2040 !!!

 

La Confédération FO établissait en 1999 que le cumul des différentes mesures :

• Indexation sur les prix au lieu du salaire,

• Le passage des 10 aux 25 meilleures années

• L'allongement de la durée de carrière avait pour conséquence une diminution des pensions retraites versées en 2015 de 84 milliards de Francs.

 

Diminuer les retraites, figer les salaires et augmenter les prix à la consommation, on ne risque pas de relancer l’économie !!!

3           En guise de conclusions

Nous l'avons vu le trou de la Sécu n'existe pas, la démographie n'est qu'un faux prétexte, le détricotage des ordonnances de 1945 continue et s'accélère,

L'orientation des gouvernements successifs tire sa source de l'Union Européenne; « Les états membres devraient renforcer les mesures d'incitation économique, y compris par une simplification des systèmes fiscaux et une réduction des coûts non salariaux du travail ».

 

Ce programme est clair : il s'agit, après avoir mené une politique d'austérité sur le salaire direct, de s'attaquer au salaire différé que constitue les cotisations dites « employeur », ceci pour diminuer le coût du travail.

Les exonérations de cotisations « employeurs » ne sont pas perdues pour tout le monde, elles alimentent le capital financier, les actionnaires. Il suffit de regarder les bénéfices des entreprises du CAC 40 pour en avoir la certitude.

 

Certains nous diront que nous ne sommes pas dans la même situation, que les difficultés économiques sont grandes. Or en 1945, le pays était en ruines, la situation économique était catastrophique, les tickets d'alimentation étaient en vigueur pour encore plusieurs années.

 

En 2006, jamais le capitalisme financier ne s'est mieux porté, malgré toutes les attaques, les restrictions le système de Sécurité Sociale et d'Allocations familiales est particulièrement fiable à condition d'en revenir aux principes fondamentaux qui ont présidés à sa mise en place.

Sa gestion en fait le système de santé le moins cher du monde par rapport à la qualité de ses prestations : 2300 € par habitant contre plus de 5000 € pour les Etats Unis dont on sait la très mauvaise couverture et la mauvaise qualité.