Libéral et protectionniste, c'est
possible !!!
Le président Obama a dévoilé une vaste réforme fiscale qui redonne des incitations à créer des emplois aux États-unis plutôt qu'à l'étranger et cherche à récupérer les impôts perdus en raison de certaines lacunes dans le Code fiscal ou d'immatriculation dans des paradis fiscaux. « Nous avons un Code fiscal qui impose moins une entreprise quand elle crée un emploi en Inde, à Bangalore, que lorsqu'elle en crée un à Buffalo, dans l'État de New York », a affirmé hier Barack Obama.
Si la réforme est votée par le Congrès, les multinationales américaines seront les premières à en subir le contrecoup. « II faut mettre un terme aux lacunes de notre Code des impôts, arrêter l'évasion fiscale et rendre plus profitable la création d'emplois aux États-unis. Ce sont les citoyens qui supportent les conséquences de ce manque de recettes », a déclaré Barack Obama, insistant qu'il était « temps de restaurer de l'équité et de l'équilibre dans le Code des impôts ».
La nouvelle administration espère tirer 210 milliards de dollars au cours des dix prochaines années en mettant un terme à des pratiques courantes dans les grandes entreprises américaines. Elles consistent notamment à isoler des bénéfices dans des filiales étrangères où les impôts sont moins élevés. Amgen et Microsoft seraient parmi les sociétés à recourir le plus à ce genre de mesures. Procter & Gamble, Caterpillar sont aussi parmi les entreprises pointées du doigt dans la presse. En 2004, par exemple, les multinationales américaines auraient payé 16 milliards de dollars d'impôts sur 700 milliards de bénéfices, ce qui représente un taux d'imposition de 2,3 % (au lieu de 35 %). Début janvier, 83 des 100 premières entreprises américaines avaient des filiales dans des paradis fiscaux.
Cette réforme va susciter un énorme lobbying de la part du secteur privé. « Ces propositions vont loin et vont accroître significativement la charge de l'impôt sur les multinationales. Les personnes privées aisées sont également dans le collimateur et devront, à l'avenir, remplir un formulaire détaillant leurs avoirs à l'étranger. Cela pourrait particulièrement affecter l'industrie des fonds spéculatifs, dont beaucoup sont domiciliés dans des paradis fiscaux.
« II y a un immeuble qui abrite plus de 12.000 entreprises dans les îles Caïmans, soit c'est le plus grand immeuble du monde, soit il s'agit de la plus grande évasion fiscale au monde », a souligné hier le président. L'Internai Revenue Service (administration américaine chargée des impôts) va embaucher 800 personnes supplémentaires pour se spécialiser sur les dossiers d'évasion fiscale.